jeudi 14 juin 2007

13 conclusions de rapports

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en attendant que je trouve le moyen de mettre en ligne tous mes rapports de visites sans que ce soit trop lourd ou trop fastidieux à consulter, voici, pour les curieux et les impatients, toutes les conclusions des rapports de professeurs d'IUFM et de maîtres-formateurs qui figurent dans mon dossier.

à suivre donc...

Bonne lecture!

Les faits (résumé chronologique)

2002-2003: Préparation au concours de PE par le CNED, admise sur liste complémentaire

2003-2004: PE1 jusqu'en janvier, dont trois semaines de stage sur le terrain en CM2, puis appelée en Moyenne Section, jusqu'à la fin de l'année

2004-2005: PE2
- stage « pratique accompagnée » en CP, évaluations prof IUFM et maître formateur positives
- 1er stage « en responsabilité », en binôme, en CE2, évaluations prof IUFM et maître formateur positives,
- 2ème stage « en responsabilité » en Moyenne Section, évaluations prof IUFM et maître formateur positives,
- validation des volets théoriques de la formation à l'exception du mémoire et du volet Français, reportés après le congé maternité
- arrêt maladie pour menace d'accouchement prématuré, puis congé maternité et 4 semaines de suites de couches pathologiques

2005-2006: PE2, suite (prolongation de formation de 157 jours)
- 3ème stage « en responsabilité », en CE2, 3 semaines, évaluation prof IUFM mitigée mais encourageante, évaluation maître formateur mitigée, due essentiellement à des commentaires désobligeants du directeur d’école,
- 4ème stage « en responsabilité », en CM2, évaluation prof IUFM et maître formateur positives (même maître formateur que pour le 3ème stage),
- validation du volet théorique "français"
- validation du mémoire

Malgré un dossier complet et validé, le jury suspend la titularisation à une visite de contrôle, menée dans des conditions abusives, l’inspectrice porte des jugements répétés sur ma situation familiale et rend un mauvais rapport,conduisant à une décision de redoublement du jury

- début du renouvellement du stage PE2
- 5ème stage « en responsabilité », en CM2, évaluation prof IUFM positive, évaluation du nouveau maître formateur (le troisième, cause prochain départ en retraite de la deuxième) mitigée, peu représentative du travail fourni cause ambiance ‘fin d’année’ dans l’école…

2006-2007: suite du renouvellement du stage PE2
- 6ème stage « en responsabilité », en moyenne section de maternelle, évaluations prof IUFM et maître formateur très positives,
- congé maternité, pendant lequel le jury suspend, à nouveau, la titularisation à une visite de contrôle.
Inspecteur agressif et de parti pris dès le départ, qui commente à son tour ma vie privée et refuse de consulter les documents présents et classe. Il rend un mauvais rapport,provoquant la décision de licenciement du jury…

Lors de l'entretien de licenciement, ma situation familiale (mes deux filles nées pendant ma formation) est à nouveau évoquée, sans que cela soit pertinent.

Je demande à consulter mon dossier professionnel, et suis convoquée à cet effet trois jours plus tard. Je découvre alors dans ce dossier, au vu et au su de toutes les personnes autorisées à le consulter, et donc du président et des membres du jury, un rapport du médecin qui a signé mon certificat d'aptitude, et qui retrace mes antécédents médicaux et en particulier les problèmes de santé que j'avais connus avant de passer le concours.

Mon cas a fait l'objet d'un profond et unanime étonnement de la part de mes formateurs et collègues de terrain, il relève d'un acharnement que je m'explique aujourd'hui comme relevant d'une discrimination basée sur la santé, l'apparence physique et les choix personnels (maternités).

c'est pourquoi en marge de la procédure en annulation actuellement en cours d'instruction auprès du tribunal administratif, j'ai été mise en contact avec la HALDE.

Tout cela sera bientôt relaté en détail sous le libellé "Les Actions".

(la suite au prochain numéro)

Le jury souverain

Un petit mot sur la titularisation des professeurs des écoles.
Pendant la formation (PE2) les stagiaires doivent satisfaire à trois volets d'évaluation:

- l'évaluation du stage sur le terrain (deux visites par stage, l'une par un professeur d'IUFM, l'autre par le maître formateur référent, seules les évaluations du dernier stage sont prises en compte par l'IUFM pour la validation de la formation, les autres sont consultées en cas de doute)

-l'évaluation de la formation théorique sous forme de productions écrites et présentations orales (5 en tout: enseigner une langue vivante à l'école; élaborer un projet pédagogique incluant un partenariat; maîtriser la polyvalence; connaître l'école, ses réalités, ses valeurs; enseigner la langue française à l'école)

-le mémoire professionnel qui fait l'objet d'une soutenance.

Au vu de ces trois volets, l'IUFM procède la validation de la formation, avec ou sans mention (dans mon cas, bizarrement, les deux cases ont été cochées, mais ce n'est pas la seule étrangeté de mon dossier)et propose la titularisation du stagiaire au jury académique.

Si le jury, présidé par l'inspecteur d'académie et composé d'inspecteurs, de directeurs d'écoles d'application et de représentants de l'IUFM, estime qu'il y a un doute sur les capacités d'un stagiaire, il peut suspendre sa décision et imposer une visite de contrôle, menée par un des inspecteurs présents. Dans mon cas, rien dans le dossier ne justifiait la première visite de contrôle, ultérieurement expliquée par le rectorat en ces termes: "en raison de ses nombreuses absences" (à savoir mes quatre semaines de suites de couches pathologiques, et quatre jour de maladie). Pour la deuxième visite de contrôle, à l'issue de mon renouvellement le jury n'a pas non plus fourni de motif, et le rectorat ne s'en est pas expliqué depuis.

C'est également au jury académique qu'il incombe d'accorder ou non le redoublement d'un an (qu'on appelle renouvellement) aux stagiaires qu'il estime nécessaire de former davantage.

C'est enfin au jury, s'il décide de ne pas titulariser un stagiaire, de proposer son licenciement au Recteur, qui l'entérine.

Le jury est souverain dans le sens qu'il est interdit de contester sa décision. Ses délibérations sont secrètes. Ces deux particularités font de la "souveraineté du jury" un argument de choix pour opposer une fin de non recevoir à toute tentative de discussion.
interesting, isn't it?

Une école à aires ouvertes

Le début de mon année de renouvellement s'est déroulé dans une école au fonctionnement un peu particulier, dit "à aires ouvertes".

Dans ce type d'école il n'y a pas de murs entre les classes. Les trois CM2, dont celui dont j'avais la responsabilité partagaient un vaste espace non cloisonné, où j'enseignais simultanément avec deux autres collègues(et 72 élèves, donc).

L'autonomie des élèves est favorisée, et une bibliothèque scolaire très riche est au coeur du projet de l'école, mais ce fonctionnement exige un vrai surcroît de travail à l'école même(très nombreuses concertations, réunions à la pause déjeuner, échanges fréquents avec les parents d'élèves qui sont très impliqués dans les activités)ainsi qu'à la maison (nombreux échanges entre collègues puisque les cours doivent être préparés à deux ou à trois).

Je reviendrai plus tard sur cette expérience épuisante mais riche.

à bientôt pour de nouvelles aventures

un peu de vocabulaire...

mi-temps annualisé: c'est quand un professeur des écoles demande à travailler à mi-temps (avec un salaire de mi-temps, donc), mais au lieu de faire deux jours sur quatre et un samedi sur deux, il travaille à temps plein pendant la moitié de l'année, soit de la rentrée à la fin janvier, ou de la fin janvier à la sortie des classes. Normalement les autorisations de départ en mi-temps annualisé sont équilibrées (autant de départ au premier semestre qu'au deuxième) afin de faciliter les remplacements, mais il y a souvent des ratés.

brigade (et ZIL): deux appellations désignant des titulaires remplaçants. Ils sont affectés à une "école de rattachement" mais y effectuent rarement leurt service puisqu'ils sont appelés pour remplacer les collègues absents.


stage obligatoire: les jeunes titulaires sont soumis, lors de leur première année après titularisation (T1) à un stage obligatoire de 3 semaines, au cours duquel ils sont remplacés dans leur classe par les PE2 (stagiaires en formation post-concours), en théorie, ces stages peuvent être reportés à l'année suivante (T2) mais dans la pratique, il arrive que le rectorat supprime le stage d'un collègue par manque de places, mais rarement qu'il accorde un report de stage à la demande d'un collègue.

interesting isn't it?


La PE1 et la PE2

Un point rapide sur ces deux années très différentes, même si elles sont toutes les deux proposées par l'IUFM.
L'année de PE1 est une année de préparation au concours, elle donne le statut étudiant, et n'est pas rémunérée. Elle est ouverte à tous les candidats au concours, et la sélection s'opère de façon différente selon les académies. A Paris, quand j'ai voulu m'inscrire, il fallait constituer un dossier où on gagnait des "points" grâce au type de licence, au temps travaillé dans le privé, au BAFA, aux enfants, etc.
Dans d'autres académies, la sélection se fait sur des tests écrits ou par le biais d'entretiens. A Paris toujours, les candidats qui ont été admissibles mais ont échoué aux oraux du concours étaient admis d'office en PE1 l'année suivante.
L'année de PE2, elle, est une année de formation professionnelle, elle donne le statut de fonctionnaire stagiaire et est rémunérée. Elle est obligatoire pour tous les admis sur liste principale et pour les admis de la liste complémentaire qui ont été appelés et ont terminé une année sur le terrain. Les modalités de formation changent régulièrement, mais le principe est toujours celui d'une alternance entre stages sur le terrain et formation théorique.

interesting, isn't it?

La liste complémentaire

L'année où j'ai passé le concours, il y avait je crois 226 postes sur la liste principale du concours de professeurs de écoles de l'académie de Paris. Les 226 premiers reçus au concours seraient donc admis à une année de formation appelée PE2, dès la rentrée de septembre. Mais pour les 260 suivants, il en serait autrement: ils constituaient la "liste complémentaire". J'étais 87ème de cette liste (au delà du 260ème de la liste complémentaire, ce sont les candidats non admis).

Les candidats admis sur la liste complémentaire, contrairement à ceux de la liste principale, ne sont pas recrutés à la rentrée qui suit le concours, et ne sont donc pas payés. Ils peuvent en revanche être recrutés, à tout moment (y compris dès les premiers jours après la rentrée) en fonction des besoins, quand on n'a pas assez de titulaires-remplaçants pour faire face aux absences. Il s'agit d'une façon très économique de gérer les flux en recrutant a minima, puisque ces nouveaux recrutés ne sont payés qu'à partir du jour où ils sont appelés sur le terrain. Dans mon cas, à partir du 24 janvier 2004 (au lieu du 1er septembre 2003 si j'avais été sur la liste principale.


L'inconvénient majeur de ce système est qu'une fois appelé sur le terrain, on a la responsabilité d'une classe (parfois plusieurs) sans avoir reçu aucune formation spécifique autre que la préparation au concours, par l'IUFM (année de bachotage appelée PE1), le CNED (cours par correspondance) ou en candidat libre, avec les moyens du bord.

C'est une loterie. Les postes sont attribués dans l'ordre des besoin, et selon son rang sur la liste, on peut avoir de la chance, comme moi, et se retrouver dans une classe sympathique au sein d'une équipe agréable dans une école accueillante, ou bien en avoir moins, et être envoyé sur des quarts-temps, des classes de ZEP en très grande difficulté, des doubles niveaux, voire des CLIS ou CLIN, en théorie réservées aux enseignants spécialisés puisqu'elles accueillent des enfants respectivement handicapés et non locuteurs du français.


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les faits(6): comment j'ai été licenciée

Le jury s’est à nouveau réuni et a décidé de mon licenciement le mercredi 28 mars, j’en ai été informée par téléphone le jour même, et j’ai du faire bonne figure le jeudi.

J’ai parlé à quelques parents le vendredi matin, puis, ayant reçu l’après midi des mains de l’IEN de ma circonscription ma convocation au rectorat le lundi 2 avril « pour affaire me concernant» , j’ai décidé d’informer les élèves de mon départ et de donner un petit mot aux parents.

Les enfants n’ont pas très bien compris, ils ont cru que j’allais avoir un autre bébé, ou alors que ma remplaçante allait revenir, heureusement c’est la directrice qui leur a expliqué, pendant que je garnissais leurs petits paniers de pâques pour les leur donner avec un peu d’avance. Quand on a chanté la chanson de fin de journée, pendant laquelle les parents qui sont déjà là peuvent emmener leurs enfants, et que j’ai vu partir les premiers d’entre eux, je n’ai pas pu continuer, j’ai bêtement pleuré.

Le samedi, les élèves ne venaient pas en classe mais les enseignants si, et les parents d’élèves en ont profité pour faire une réunion de crise, certains voulaient occuper la classe en guise de protestation, d’autres avaient déjà préparé des courriers. Moi je ne voulais rien faire avant d’avoir été à mon rendez vous au rectorat. J’avais envoyé une demande de réexamen de mon dossier à l’inspecteur d’Académie et toute l’équipe avait signé un courrier d’étonnement à son intention.

Le lundi 2 avril, mon licenciement m’a été signifié par l’IA, qui a refusé d’entendre mes arguments, m’a demandé si j’osais accuser un inspecteur de mentir, a cité la conclusion élogieuse d’un rapport en arguant que si mon maitre formateur me félicitait sur la réflexion engagée sur le travail de préparation, c’était bien qu’il y avait là un problème.

Bien que je n’aie à aucun moment évoqué mes enfants ni mes absences pour maternité, l’IA a cru bon de préciser « vous avez fait des choix de vie personnels qui vous sont propres et nous ne sommes pas là pour les juger ».

Il a rejeté ma demande de réexamen au motif que « le jury est souverain ». J’allais bientôt apprendre que cette phrase était revêtue d’une sorte de pouvoir magique. (des explications sur la souveraineté du jury? c'est ici)


Pendant que je signais l’accusé de réception de ma notification de licenciement, dans un autre bureau du rectorat, une jeune collègue qui venait d’être titularisée le même jour par le même jury qui avait décidé de mon licenciement, signait son procès verbal d’installation sur mon poste. Nous sommes arrivées en même temps à l’école, moi pour récupérer mes affaires, elle pour se présenter à la directrice et prendre ses fonctions. Je lui ai confié mon classeur bleu, mes livres, la clé de la classe, je l’ai briefée sur les élèves, fait ses photocopies, et puis je l’ai regardée partir avec mes élèves, cachée derrière la porte du bureau de la directrice pour qu’ils ne me voient pas.



(la suite au prochain numéro)

les faits(5): ma deuxième visite de contrôle

Ma fille cadette est née avec de l’avance, le 24 novembre 2006.

Le 13 décembre, jour du jury, j’attendais, champagne au frais, l’appel du rectorat. Je l’ai bien reçu, mais le champagne est resté à sa place, puisqu’une nouvelle fois, le jury suspendait sa décision et demandait une visite de contrôle. J’ai demandé à voir mon dossier (je n’avais toujours pas eu communication du rapport de la première visite de contrôle malgré mes demandes), on m’a répondu d’attendre mon retour de congé.

J’ai été informée par courrier que ma visite de contrôle aurait lieu le 19 mars (pour un retour le 5 mars). J’ai donc refusé que mon médecin prolonge de quatre semaines mon congé maternité, malgré ma fatigue et malgré mon désir de continuer à allaiter exclusivement ma fille cadette, qui semblait présenter la même fragilité du système digestif que sa sœur aînée. J’ai donc fait des réserves de lait au congélateur en vue de ma reprise, et je me suis organisée, avec l’aide de mes collègues, pour tirer mon lait deux fois par jour à l’école pendant la pause déjeuner et l’une des deux récréations de la journée.

Mon retour a été très bien accueilli par les élèves, leurs parents, et par toute l’équipe, j’étais en confiance pour la venue de l’inspecteur et malgré mon anxiété, je me rassurais en me disant qu’il ne pourrait pas ignorer le travail fourni. Les deux semaines précédant sa venue ont été employées à remettre en place les règles de la classe, mises à mal, comme souvent, par le changement d’enseignant, et à poser les bases de nouveaux projets. Un spectacle qui a beaucoup plu aux élèves est venu bouleverser un peu mes plans, puisque j’ai voulu rebondir sur l’intérêt qu’il avait suscité, et j’étais très heureuse des conditions de travail qui se remettaient petit à petit en place.

Une semaine avant sa venue, l’inspecteur a appelé la directrice pour lui expliquer comment se passerait sa visite : il arriverait à 8h10 pour lui parler, puis monterait avec moi en classe jusqu’à l’heure de la récréation (10h) et resterait ensuite avec moi dans son bureau pour l’entretien pendant qu’elle prendrait en charge mes élèves au retour de la récréation. Le matin de sa visite, après avoir fustigé le fonctionnement de l’école (accueil des élèves dans la cour inutile- ils peuvent attendre sur les bancs, passage aux toilettes superflu- ils doivent y penser chez eux avant de venir, arrivée trop tardive des élèves) il m’a informée que finalement la directrice viendrait prendre la classe à 9h30 et non 10h. Le lundi matin, je laisse (laissais…) toujours un peu plus de temps aux élèves pour se retrouver, se réapproprier la classe, c’est aussi un temps où certains élèves viennent me trouver pour se faire consoler d’une séparation difficile après le weekend (séparation plus longue car parent expatrié ou pour cause de garde alternée, maman absente car partie accoucher, etc.). Les rituels prennent aussi un peu plus de temps, car on change les élèves responsables, et la lecture de la date aussi, puisqu’il faut revenir sur les deux jours qu’on a pas comptés.

Bref. Le lundi, la mise en ateliers se fait à 9h30. Autant dire que je me suis trouvée un peu bête devant ce changement de programme de dernière minute, et que la séance en a pâti : en voulant gagner du temps, je suis passée trop vite sur les consignes, les élèves ne les ont pas assez répétées, et le fait de voir leurs habitudes chamboulées ne leur a pas plu. L’ambiance était électrique, j’ai du élever la voix à quatre reprises. Pendant que je me tenais avec le groupe qui était en atelier dirigé, tout en surveillant les ateliers en autonomie, j’ai été apostrophée à plusieurs reprises par l’inspecteur qui avait déjà soufflé bruyamment plusieurs fois pendant le temps de regroupement, me faisant bien sentir sa désapprobation. La première fois, il m’a brutalement enjoint de ne pas aider un enfant à mettre son tablier (en réalité, je m’étais approchée parce que cet élève, très peu autonome, sachant que je ne voudrais pas l’aider, était allé vers l’inspecteur pour se faire mettre son tablier, je venais donc lui dire, « non, ne demande pas au monsieur, va aider ton camarade et ensuite demande lui de t’aider »), me faisant ensuite la leçon sur le thème « si vous le faites à sa place, il n’apprendra jamais rien ». La deuxième fois, il s’est énervé en disant qu’il ne trouvait pas la fiche de préparation correspondant à l’atelier dirigé. Je suis allée le voir et lui ai sorti ladite fiche de l’onglet « préparations » de mon classeur, classeur que je lui avais présenté, ouvert à la bonne page, dès son arrivée dans la classe. La troisième fois ce n’est pas moi qu’il a apostrophée, mais un élève qui tenait mal son feutre. Comme cet élève s’est contenté de le regarder en coin et de continuer de la même façon, il a haussé le ton et a insisté plusieurs fois, jusqu’à ce que je me lève pour dire à l’élève en question, qui souffre d’un handicap moteur, d’aller chercher son tapis anti dérapant dans son casier s’il en avait besoin.

Je sentais bien que les choses étaient mal engagées pour moi, et j’étais donc très soulagée quand, à 9h30, j’ai constaté que les élèves étaient prêts à ranger. Nous nous sommes installés au coin regroupement pour faire le bilan des activités, et j’ai annoncé que la directrice allait bientôt arriver. Nous avons chanté une chanson, discuté un peu, le temps passait, et une fois que je m’étais bien enlisée, et qu’il ne restait plus assez de temps pour lancer un nouvel atelier mais trop pour rester assis jusqu’à l’heure de la récréation, l’inspecteur a daigné m’informer que finalement, il avait demandé à la directrice de ne pas venir, car nous avions perdu trop de temps en montant en classe…

L’entretien s’est déroulé sans surprises, l’inspecteur se défendant à de nombreuses reprises de porter un jugement personnel, prononçant quand même à cinq ou six reprises les mots «congé maternité », et répétant à l’envi qu’il devait prendre sa décision en son âme et conscience professionnelle.

J’ai été une nouvelle fois accusée d’avoir fait exprès de me mettre en difficulté, de ne pas avoir préparé l’inspection, de ne pas avoir fourni les préparations écrites (qui étaient pourtant toutes dans le classeur) ni le plan du déroulement de la matinée (idem : il figurait dans le cahier journal, dans le même classeur et un « plan type » était affiché au mur devant le bureau).

J’ai appris que je n’avais pas un "rôle modélisant" pour les élèves, parce que j’avais dit, agacée par un élève qui faisait des roulades sur le tapis du regroupement au lieu d’aider ses camarades à ranger « on est en classe ici, pas à la gym (au lieu de gymnastique) » , et parce que « la date » étant une responsabilité parmi d’autres sur notre tableau (au même titre que « le rang », « la porte », « les chaises »), j’avais dit « qui ne l’a pas encore fait, la date ? ».

Plus étonnant, je me suis quasiment fait taper sur les doigts parce qu’au cours de l’entretien j’ai dit le mot « truc ». Un mot que j’évite soigneusement devant les élèves, sauf quand je me moque d’eux s’ils s’en servent (« aaaah, oui, je vois, tu veux le truc, celui que truc à truqué dans le truc ») mais dont je n’ai pas de scrupule à me servir dans la vie courante. Or ce monsieur m’a interrompue sèchement : « comment ça « truc » !! vous ne pouvez pas employer un autre langage voyons ? ».

Bref, j’ai admis que j’avais été trop vite sur la formulation des consignes, mais je n’ai pas pu m’en expliquer, étant sans arrêt interrompue par les mêmes mots « vous n’êtes pas là pour vous justifier ». Il a quand même ajouté « si je suis ici, c’est bien qu’il y a un problème, s’il n’y en avait pas, je ne serais pas là ». Implacable raisonnement… on se demande pourquoi il s’est donné la peine d’assister à la classe (cela dit, il n’est pas allé jusqu’à ouvrir les cahiers des élèves, regarder les affichages – sinon il aurait vu le plan de la matinée- ou survoler les progressions).

Je suis remontée dans ma classe, pendant que l'inspecteur échangeait quelques mots avec la directrice avant de quitter les lieux.

(la suite au prochain numéro)

les faits (4): comment j'ai redoublé mon année de formation

Je suis dans la classe de mon maître formateur quand je reçois le coup de fil qui m'informe de mon affectation, à compter du lendemain.

Il s’agit d’un CM2 dans une école à aires ouvertes, un système très particulier et très déroutant pour une novice comme moi. (des explications? c'est ici)

De plus, une fois encore, le « syndicat des enfants » a frappé puisque la raison de mon affectation sur ce poste, qui est occupé depuis le 22 septembre par la même collègue brigade est de toute évidence une urgence vitale, les enfants sont en grand danger : depuis que le congé maternité de la titulaire c’est transformé en congé parental, le remplacement est considéré comme un remplacement longue durée, et ne devrait pas donner lieu aux indemnités de brigade. Le rectorat a donc demandé à la collègue de renoncer aux siennes. (brigade? kézako? la réponse ici)

Cette collègue, qui a fait, très probablement pour des raisons financières, le choix difficile de remplacer les professeurs absents, dans tous les niveaux de la petite section au CM2, en étant souvent prévenue la veille, voire le jour même, aurait donc du accepter une baisse de revenus pour complaire à sa hiérarchie. Elle a refusé, comme c’était son droit. Les parents d’élèves, le directeur, les collègues, ont demandé au rectorat de la laisser en place, dans l’intérêt des élèves. Cela leur a été refusé. J’ai donc été affectée de toute urgence sur ce poste, et la collègue est allée faire un remplacement ailleurs, en continuant bien entendu de toucher ses indemnités (pour information, bénéfice financier pour les caisses de l’Education Nationale : zéro euro).

Dans la détresse et l’incompréhension où je me trouvais, je n’avais pas vu arriver un bonheur tout aussi inattendu que mes malheurs récents : contre toute attente, j’étais à nouveau enceinte. Petit pied de nez à l’institution que ce bébé probablement conçu juste après les commentaires déplacés de l’inspectrice sur la possibilité de bien travailler en ayant un enfant en bas âge.

Je me suis donc retrouvée à finir l’année sans plan de formation ni contact réel avec l’IUFM (à part ma coordinatrice qui me tenait informée de mes probables visites, mais sans rien garantir, car elle était aussi perplexe que moi devant la tournure que prenaient les événements) dans une école au fonctionnement très exigeant en temps et en énergie, et une classe à PAC (projet artistique et culturel) « capoeira » qu’il me fallait coordonner en binôme avec une collègue à mi-temps, alors que je ne connaissais rien au projet.

J’ai reçu une visite de professeur d’IUFM qui s’est très bien passée, et une autre, de mon maître formateur qui partait à la retraite et est donc venue avec celui qui la remplacerait auprès de moi à la rentrée. Venu au départ pour faire connaissance, il a finalement rédigé la plus grande part du rapport, qui n’est pas horrible, mais que je trouve injuste, la visite ayant eu lieu le 29 juin, alors que toute l’école faisait déjà la fête depuis deux semaines, et que je n’avais d’autre choix, si je voulais montrer quelque chose qui relève des apprentissages et non du centre de loisirs, que de mettre en oeuvre une pédagogie frontale (impliquant trop peu les élèves dans la construction des savoirs) afin de capter un peu d’attention dans une classe sans murs, bruyante et surchauffée.

L’année s’est terminée sans encombres, je n’ai pas été absente, j’ai fait mon travail correctement. Arrivée dans une classe où on ne voulait pas de moi (parents et élèves voulaient que la collègue qui m’avait précédée reste) j’avais réussi à me faire accepter et respecter, et malgré les imprévus, j’ai bouclé le projet danse dans les temps, sans que cela empiète sur les progressions, au prix de nombreuses heures de travail personnel supplémentaires.

A la rentrée suivante, j'ai quand même été soulagée de me voir affectée dans une école maternelle plus classique, en moyenne section, auprès d’élèves avec qui j’allais pouvoir mettre en place les bases d’une progression annuelle pour les retrouver ensuite à mon retour de congé maternité. C’était ma première rentrée « en classe », et tout s’est bien passé. Les collègues et la directrice m’ont bien accueillie, j’ai tout de suite commencé à préparer mon remplacement, en tenant à jour un cahier journal dactylographié et en mettant mes fiches de préparation et tous documents utiles (dont une évaluation personnalisée de chaque élève) dans un gros classeur qui restait toujours en classe.car je craignais de devoir, comme pour ma première grossesse, m’arrêter avant la date de mon congé maternité.

J’ai reçu au mois d’octobre la visite d’un professeur d’IUFM et de mon maître formateur. Ces deux visites ont donné lieu à des rapports très positifs. J’ai finalement du m’arrêter quelques jours plus tôt que prévu, mais je suis partie rassurée, ayant eu l’occasion de rencontrer ma remplaçante. Je suis partie en congé maternité avec un pincement au cœur, heureuse de savoir que je retrouverais cette école et ces élèves à mon retour. Je pensais alors revenir titulaire, puisque le jury devait se réunir le 13 décembre.

(La suite au prochain numéro)

les faits(3): ma première "visite de contrôle"

Au lieu de la nouvelle que j’attendais, c’est une suspension de la décision pour « visite de contrôle » que l’on m’annonce.

Effondrée et incrédule, j’apprends qu’on va demander au titulaire de la classe de mon dernier stage (le CM2) de quitter à nouveau ses élèves et de se mettre « à disposition du directeur » pendant quatre jours, pour que je puisse bénéficier des conditions nécessaires à la visite de contrôle. Nous contactons tous deux le rectorat pour protester, le directeur en fait de même auprès de l’ICC, nous demandons une organisation différente, dans l’intérêt des élèves. Cela nous est refusé, au motif de l’égalité de traitement. Je propose de signer une décharge disant que je renonce à attaquer le rectorat pour inégalité de traitement s’ils me font passer ma visite de contrôle dans une autre classe que celle de mon dernier stage. Rien n’y fait.

Je me procure alors une série complète d’une courte fiction à étudier en lecture suivie en guise de projet personnel et propose au titulaire de poursuivre sa progression pour les autres matières afin de ne pas déstructurer encore davantage le fonctionnement de la classe.

Le jour de la visite de contrôle, également jour de grève, l’inspectrice n’est pas là. Je reçois trois élèves supplémentaires (leur enseignante, gréviste, leur a laissé du travail la veille) que j’installe au seul emplacement possible, hélas dos au tableau et face au mur (il reste à peine la place pour circuler). Je le précise car cela me sera vivement reproché, ainsi que de ne pas leur avoir donné moi-même un travail adapté à leur niveau. L’inspectrice n’étant toujours pas là, je reprends un exercice de mathématiques de la progression qui avait été mal compris la veille, et que j’ai reformulé pour supprimer certaines difficultés. Les élèves ont encore du mal. L’inspectrice arrive avec une heure de retard, entame une discussion alors que les élèves sont concentrés sur les consignes, commente à haute voix l’énoncé qu’elle trouve trop difficile (plusieurs élèves, à ces mots, repoussent leur cahier et renoncent en ricanant « c’est trop dur madame, j’abandonne »), et me parle à chaque fois que je m’approche du bureau où je l’ai installée avec mon cahier journal et mes préparations.

Arrive enfin l’heure de la récréation. L’inspectrice me parle de mon bébé, de la difficulté de travailler en ayant un enfant en bas âge. Elle me parle de mes fiches de préparation, qui ne lui plaisent pas (pas assez détaillées), elle me demande si j’ai envisagé d’autres concours. Habituée, en raison de mon parcours universitaire, à ce qu’on me demande pourquoi je n’ai pas passé le capes ou l’agrégation, je m’apprête à répondre que j’aime le fait d’être responsable d’une classe au quotidien, mais j’ai un doute. Je lui demande à quel autre concours elle pense. Elle me répond « je ne sais pas, il y en a plein des concours dans la fonction publique vous savez, bibliothécaire par exemple ». Je précise qu’elle dit cela après avoir vu une correction d’exercice de mathématiques qu’elle a en grande partie perturbée.

Après la récréation, un peu ébranlée par ce premier entretien, j’entreprends de mener à bien la dernière séance de ma mini lecture suivie. L’inspectrice me presse en disant qu’elle a demandé au titulaire de venir prendre le relais à 11h afin que nous puissions aller discuter. J’essaie de lancer l’activité de production d’écrit d’une façon qui permette à mon collègue de ne pas être perdu, puisque c’est une séquence qu’il n’a pas préparée. Une fois que le collègue est arrivé, l’inspectrice me demande finalement de continuer moi-même (à ce moment là, il y a donc trois adultes dans la classe, en plus des trois élèves de la collègue gréviste, je vous laisse imaginer l’état de concentration des enfants) puis change encore une fois d’avis. Nous laissons donc mon collègue aux prises avec ses élèves et nous retrouvons dans la salle des maîtres où l’inspectrice m’explique que j’ai manifestement les qualités requises pour être enseignante, mais qu’elle pense que j’ai FAIT EXPRES de me mettre en difficulté le jour de sa venue, car je ne veux pas être titularisée. Elle dit aussi que mes préparations sont trop légères, qu’elle ne demandera pas ma radiation mais qu’elle ne peut pas me laisser titulariser. Quand je lui fais part de mon incompréhension, en lui disant que son jugement est très différent de tout ce qui m’a été dit pendant ma formation par les professeurs d’IUFM et mon maître formateur, elle est agacée et me dit « arrêtez avec l’IUFM, ce ne sont pas vos formateurs qui décident ».

Elle dit que son seul souci c’est l’intérêt des élèves, et répète cette phrase qui m’avait déjà frappée lors du premier entretien, pendant la récréation : « nous, au rectorat, nous sommes le syndicat des enfants ». Je dois me faire violence pour ne pas lui dire à quel point je trouve que l’intérêt des élèves a été méprisé dans cette affaire. Je me contente de nier vouloir, même inconsciemment, échouer à être titularisée. Elle ajoute que j’ai de la chance que mes élèves soient gentils et m’aiment bien parce que sinon, c’était couru, avec mon manque de préparation, ça aurait été le bazar (un comble quand on connaît les difficultés que présente cette classe, et les efforts qu’il nous a fallu, à moi comme au titulaire, pour nous faire respecter).

Devant mon émotion (je suis au bord des larmes devant une telle injustice) elle tente de me réconforter en me disant qu’elle comprend que c’est dur de travailler comme il faut quand on vient d’avoir un bébé. C’est la troisième fois qu’elle formule cet argument. Pour la troisième fois je la contredis. Je lui explique qu’au contraire, la présence de mon bébé m’oblige à mieux m’organiser, à préparer encore plus rigoureusement mes journées de travail car la fatigue des nuits courtes ne laisse aucune place à l’improvisation.

Elle me quitte en m’encourageant à considérer une réorientation. Mes collègues sont scandalisées par l’issue de ma visite de contrôle. Plusieurs veulent écrire au rectorat pour protester. Je les en dissuade.

Comme c’était prévisible après les propos tenus par l'inspectrice, le jury ne me titularise pas, et se prononce, le 6 avril 2006 pour un renouvellement de stage d’un an.

Ce qui est plus étrange, c’est que ce redoublement est sensé commencer le 16 octobre 2005, soit avant la fin de mon congé maternité. Quand je téléphone au rectorat pour m’en inquiéter, on me répond que c’est normal. Je ne cherche pas à comprendre car je viens de recevoir ma nouvelle affectation...

(la suite au prochain numéro)

Les faits (2): comment j'ai fini et validé ma formation après mon retour de congé maternité

Ma fille est née avec un peu d’avance, le 23 juillet 2005. Elle a eu de la fièvre à la maternité, et j’ai choisi de l’allaiter le plus longtemps possible pour renforcer ses défenses immunitaires. Quand j’ai commencé à la sevrer, en vue de ma reprise du travail (retour de congé maternité prévu le 18 octobre 2005) elle a été malade. Il nous a fallu beaucoup de temps pour trouver un lait adapté et un rythme de vie acceptable pour elle et pour moi, qui ne dormais plus du tout. Mon médecin m’a donc prescrit quatre semaines d’arrêt maladie. Je suis passée à l’allaitement mixte, j’ai dormi, j’ai repris le travail.

Mon plan de formation pour la prolongation de stage de 157 jours dont je devais bénéficier en raison des absences liées à ma grossesse pendant mon année de formation stipulait que je devrais passer deux jours par semaine dans la classe de mon maître formateur, deux jours par semaine en cours à l’IUFM et un jour par semaine en « travail personnel » pour mon mémoire professionnel. Je devais également faire les stages en responsabilité pendant cette période.

Le premier stage est intervenu très vite après mon retour, mon maître formateur ne me connaissait encore qu’à peine. Sa visite a eu lieu un jour où j’étais malade et aphone, et la séance qu’elle a observée n’a pas été brillante. Son rapport aurait été mitigé de toutes manières, mais il a été bien plus que cela, le directeur de l’école lui ayant dit que j’étais mal intégrée à l’équipe, et que j’avais de mauvais rapports avec les collègues, ce qui était faux (j’étais simplement absente de la salle des maîtres pendant la pause déjeuner ou le matin avant la sonnerie : en effet, ne pouvant pas rester à l’école après 16h40, j’y arrivais à 7h40 pour préparer ma classe et y restais aussi de 11h30 à 13h30 pour travailler). La professeure d’IUFM, dont la visite a eu lieu à la même période, a fait elle aussi un rapport mitigé quoiqu’encourageant.

C’est pendant ce stage que j’ai définitivement sevré ma fille: j'étais malade et le médecin m’a donné le choix entre une semaine d’alitement ou un traitement à base de corticoïdes incompatible avec l’allaitement- j'ai choisi d'aller travailler;

Ces trois semaines de stage en CE2 ont été le seul épisode sombre de ma courte carrière, et après discussion avec ma coordinatrice à l’IUFM au sujet des propos déplacés de ce directeur d’école et des conséquences sur le rapport de visite, j’ai affirmé mon désir de continuer à travailler avec mon maître formateur, dont j’admirais le travail et avec qui j’étais convaincue de pouvoir apprendre beaucoup. De son côté, cette dernière a eu l’occasion d’observer mon travail dans sa classe de CM2 (ZEP) ainsi que lors du stage suivant, où elle m’a évaluée très positivement.

Ce deuxième stage de ma prolongation a eu lieu en CM2, dans une classe où le titulaire avait demandé à être dispensé de stage car il ne connaissait pas encore l’école et les élèves. En effet, l’enseignante titulaire de la classe venait de partir en mi-temps annualisé, et lui n’avait pas encore pris ses fonctions quand j’ai pris contact avec l’école. (Des précisions sur le stage obligatoire des "T1"? c'est ici)

Sa demande ayant été rejetée, je suis arrivée dans la classe quasiment en même temps que lui. Encore une fois, je constatais que l’intérêt des élèves ne semblait pas présider aux décisions du rectorat. La classe était dure, les élèves en manque de repères, mais grâce au soutien de l’équipe et aux conseils reçus, j’ai réussi à travailler avec eux sans me laisser déborder, et à garder les apprentissages en tête des priorités malgré les difficultés. Les deux visites se sont bien passées, mais surtout, devant cette classe qui était, plus que toutes celles que j’avais connues, un vrai défi, j’étais fière, à la fin des trois semaines, d’avoir mené à bien ma tâche.

J’ai rendu mon dernier devoir à l’IUFM, et soutenu mon mémoire avec succès. Ma formation était validée, c’est sereinement que j’attendais le jury de titularisation.

(la suite au prochain numéro)

Les faits (1): comment je suis devenue professeur des écoles stagiaire

J’ai toujours passé beaucoup de temps dans mes pensées, et accordé une grande place dans ma vie à l’imaginaire et à la création. C’est pourquoi je voulais un métier ancré dans le réel, le matériel, le fondamental. Je voulais établir un équilibre entre deux impératifs : laisser s’exprimer mon imagination et mon goût pour la contemplation, mais aussi apporter, au quotidien, ma petite pierre au monde dans lequel je vis. J’ai mis du temps à trouver le métier qu’il me fallait. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n’y avais tout simplement pas pensé. Un jour l’idée est née en moi, et l’évidence était là.

Je me suis inscrite au concours de professeur des écoles, et comme je n’avais pas assez de « points » pour avoir droit à la préparation à l’IUFM, j’ai cassé ma tirelire pour le préparer avec le CNED. Le concours venait de changer, les cours n’étaient pas tout à fait adaptés, il y avait des milliers de pages et des centaines de correctifs, mais je comptais bien m’accrocher.

Puis je suis tombée malade. Je pourrais être évasive sur ce sujet, mais il va revenir sur le tapis, à mon corps défendant, à la fin de mon récit. Alors autant être claire tout de suite. J’ai fait une fausse couche, qui a été suivie de bouleversements hormonaux et d’une hypertension intra crânienne, compliquée de problèmes ovariens et thyroïdiens. J’ai été hospitalisée pour subir des ponctions lombaires, j’ai pris beaucoup de poids, j’étais victime de céphalées invalidantes, j’étais faible, et surtout dévastée par la nouvelle de ma probable infertilité.

Mais j’ai guéri. Je me suis présentée aux épreuves du concours, malgré une préparation insuffisante, en me disant que si j’arrivais à être admissible, j’aurais droit à la préparation à l’IUFM l’année d’après. J’ai finalement été admise sur liste complémentaire, à la 87ème place. Ce qui voulait dire que je serais recrutée en fonction des besoins, pour une prise de fonctions immédiate, sans formation préalable.(des explications sur la liste complémentaire? c'est ici)

J’avais donc droit à ma place à l’IUFM pour préparer à nouveau le concours. Même si la PE1 est très différente de la PE2, puisque la première relève du bachotage et la seconde de la formation, je comptais bien sur les quelques mois que je passerais à l’IUFM pour me fourbir quelques armes en vue de mon parachutage sur le terrain qui, vu mon rang sur la liste, me paraissait inéluctable. (PE1, PE2, kezako? la réponse ici)

Et en effet, à l’issue du premier stage sur le terrain, le 24 janvier 2004, j’ai reçu le coup de fil du rectorat, m’informant qu’on m’attendait dans une école le lendemain. J’ai donc pu bénéficier d’une journée de transition, pour dire au revoir aux élèves de la classe de CM2 où je venais de passer trois semaines et bénéficier des conseils de leur professeur. Tu verras, m’a-t-elle dit, cette date, tu t’en souviendras toute ta vie.

Et c’était vrai.

Le lendemain, j’ai fait la connaissance de l’équipe de l’école maternelle où j’allais passer six mois, en Moyenne Section, après que la titulaire soit partie en mi-temps annualisé (c'est quoi ça? la réponse ici)

J’ai eu plusieurs visites d’un conseiller pédagogique, dont les avis ont été précieux, mais j’ai surtout bénéficié du soutien sans faille de la directrice de cette école, ainsi que des conseils avisés et nombreux des collègues. J’ai fait du bon travail, parce que j’étais bien entourée et parce que j’y ai mis une grande part de mon énergie. J’ai travaillé avec acharnement, et quand l’année s’est terminée j’ai quitté mes élèves avec un sentiment de fierté.

A la rentrée suivante, j’ai commencé la formation proprement dite, à savoir l’année de PE2 à l’IUFM. J’ai eu la chance de faire mon premier stage (dit de « pratique accompagnée ») dans une classe très particulière, où l’enseignante appliquait la méthode Freinet (c'est quoi ça? la réponse ici). Dans ce CP, les élèves étaient déjà très autonomes, et leur enseignante était une mine d’informations et de conseils. Etant la plus expérimentée des trois stagiaires, du haut de mes six mois de pratique, j’ai accepté de prendre la classe à chaque fois que la titulaire me l’a proposé, et la visite d’évaluation formative de la professeure d’IUFM s’est très bien passée.

En raison de la difficulté à trouver des classes où placer les stagiaires, l’Académie de Paris avait mis en place un système de binômes : pour le premier stage en responsabilité de l’année, les stagiaires allaient par deux remplacer un titulaire. Il ne s’agissait pas de mi-temps, mais bien de deux plein-temps, imposant aux deux stagiaires d’être dans la classe simultanément. Je n’ai pas trouvé cela idéal en termes de légitimité de l’autorité pour des élèves déjà un peu perturbés par le changement de référent adulte, mais il paraît que certains stagiaires appréciaient de ne pas être seuls devant les élèves, et surtout devant la masse de travail à abattre. Moi, je n’ai pas aimé, même si, fort heureusement, je m’entendais bien avec « mon binôme ». Le stage, dans une classe de CE2, s’est néanmoins bien passé, comme en attestent les deux rapports de visite (professeur d’IUFM et maître formateur).

Sur le plan personnel, c’est durant ce stage qu’à ma grande stupéfaction, j’ai découvert que j’étais enceinte.

Le stage suivant a eu lieu en moyenne section de maternelle et s’est très bien déroulé, tant sur le plan humain que pédagogique. Il a donné lieu à deux évaluations positives (professeur d’IUFM et maître formateur).

Pendant ma grossesse, très surveillée en raison de mes antécédents médicaux, j’ai toujours fait en sorte de prendre mes rendez-vous en dehors des heures de cours, et j’ai été assidue, tant en formation qu’en stage sur le terrain, jusqu’à ce que l’intensité des contractions provoquées par les très longs trajets en métro (station debout, escaliers, etc.) conduise la maternité à me placer en arrêt maladie pour MAP (menace d’accouchement prématuré) jusqu’à la date de début de mon congé maternité.

Je suis néanmoins revenue (en taxi !) à l’IUFM pour la présentation orale d’un des volets de la formation théorique (maîtriser la polyvalence). Les volets écrits ont été validés, à l’exception du mémoire et du volet « français », reportés à mon retour de congé.

(la suite au prochain numéro)